Patrick Bauwen – Les fantômes d’Eden

Il était une fois en Floride, cinq ados partis à l’aventure.

Ils vous feront rire. Pleurer. Frissonner.

Mais ce qu’ils affronteront les changera à jamais.

Et l’un d’eux sera assassiné.

C’est sur ce crime que j’enquête.

… parce que le mort, c’est moi.

 

Extrait

L’enterrement du docteur Paul Becker était prévu ce matin, dans le petit cimetière d’Eden, comté de Collier, État de Floride. Dès l’aube, je me trouvais déjà sur place. Je garai ma voiture à bonne distance sous les arbres, ni trop près, ni trop loin. Je sortis quelques bières d’une glacière dans le coffre, vérifiai la qualité de la lumière, puis calai mes fesses dans le siège passager afin de pouvoir étirer mes jambes.

Mon téléobjectif était placé sur un petit trépied sur le tableau de bord devant moi, tel le canon d’un sniper. Je fis défiler le paysage dans le viseur et shootai quelques images au hasard. Des tombes régulières. Un saule pleureur aux longues branches traînantes. Un chemin parmi les pelouses vallonnées à l’herbe fraîchement coupée. L’air était vif et humide, empli du chuintement discret de l’arrosage automatique.

J’actionnai le zoom et me rapprochai de l’autre côté du cimetière. Là-bas s’élevait une forêt épaisse qui bloquait la vue, telle une frontière tracée entre le monde des ténèbres et celui des vivants. Durant quelques instants, je laissai mon regard se perdre au milieu des arbres recouverts de filaments de mousse espagnole de ce bayou impénétrable. C’était une pinède aux racines enchevêtrées, constellée de cascades de verdure et de trous d’ombre. Je m’imaginai sans peine les spectres des défunts postés à la lisière, soupirant entre les branches et tendant leurs bras lugubres. Une tache de couleur attira mon objectif : un héron, à proximité d’un fourré de jacinthes d’eau. J’effectuai la mise au point sur les fleurs et considérai le résultat sur l’écran numérique. Le gros plan était impeccable. Les couleurs nettes. Parfait. L’oiseau s’envola.

Je reposai l’appareil et m’ouvris une bière. Le cortège funéraire n’allait plus tarder. Il ne me restait qu’à faire preuve de patience. Je sirotai quelques gorgées, un bras accoudé sur la portière. J’utilisais du matériel de pro. Le but était de capturer les expressions des gens. D’observer tous ceux qui se rendraient à l’inhumation du défunt, chaque visage agrandi jusqu’au moindre pore.

Dans la poche de ma veste, une carte de presse flambant neuve titrait « Jack Barn, journaliste pour le Miami Herald ».

– Jack Barn, murmurai-je. Le shooteur de scoops. Jack Barn le tireur d’élite.

Un rire franchit mes lèvres. La carte était fausse, bien entendu. Tout comme le nom inscrit dessus. Mais vous savez ce qu’on dit : dans un plan, l’étape cruciale, c’est les préparatifs. Je pris une grande inspiration. J’étais prêt. La cérémonie pouvait commencer. Cet enterrement, je n’allais pas en perdre une miette.

Avis

Cela faisait un moment que je n’avais pas lu de roman de Patrick Bauwen, mais aussi, et tout simplement , d’aussi bon livre.

L’auteur réussit un tour de force en nous tenant en haleine alors que le roman avance tranquillement, au rythme de l’enquête complexe et bien tarabiscotée. Et paradoxalement, on demanderait presque à l’auteur de ralentir le récit pour profiter encore plus longtemps de l’histoire, de l’ambiance et des décors format cinémascope de cette Amérique dans laquelle il nous ballade.

Les personnages sont foisonnants, variés. Il y a tout d’abord un groupe de personnages principaux, tous à la fois aussi forts que subtiles, entourés de personnages secondaires mais qui ont leur propre importance dans le récit.

La structure est certes classique : une trame principale, une autre dans le passé; mais Patrick Bauwen ajoute celle du meurtrier . Ces 3 axes vont bien sur se rencontrer, mais pour quelle raison, le lecteur devra user de ces petites cellules grises ou bien être patient.

Ce roman ne peut que nous rappeler un autre roman Ca de Stephen King. A la lecture du roman, le groupe de jeunes adolescents m’a fait penser au « Club des ratés », Eden par sa moiteur, les everglades et les monstres y habitant rappelent Derry. Et puis si l’on est attentif, d’autres noms (certes communs) de personnages semblent se faire écho.

Ce long thriller a toutes les qualités que l’on attend d’un roman policier.

Notation

Histoire
Personnages
Rythme
Énigme
Écriture
Durée de lecture
Prix

Caractéristiques :

Livre

  • Broché
    • Broché ‏ : ‎ 640 pages
    • Éditeur ‏ : ‎ Albin Michel (29 octobre 2014)
    • Langue ‏ : ‎ Français
    • ISBN-10 ‏ : ‎ 2226312315
    • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2226312310
    • Prix : 22,50€
  • Livre Poche
    • Poche ‏ : ‎ 744 pages
    • Éditeur ‏ : ‎ Le Livre de Poche (30 mars 2016)
    • Langue ‏ : ‎ Français
    • ISBN-10 ‏ : ‎ 2253112003
    • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-225311200
    • Prix : 9,20€
  • eBook
    • Taille du fichier ‏ : ‎ 3444 ko
    • Éditeur ‏ : ‎  Albin Michel (3 novembre 2014)
    • Langue ‏ : ‎ Français
    • EAN : 978-2226335258
    • Prix : 8,99€
  • Livre Audio
    • Durée : 17h52
    • Éditeur ‏ : ‎ Audible Studios (7 septembre 2017)
    • Langue ‏ : ‎ Français
    • ASIN : B075D8CCHS
    • Prix : 27,95€

Site Internet de l’auteur

https://www.patrickbauwen.com/

2 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Oh c’est marrant celui-ci je viens de le retrouvé dans un vieux carton 😉

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  2. Oh chouette, celui-ci je ne l’ai pas lu ! Merci 🌸🌸🌸

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