On lui avait promis la célébrité…
Elle va découvrir la peur.
Lisa, assistante médicale et chroniqueuse littéraire à ses heures perdues, sera bientôt la star des réseaux sociaux.
À condition de faire exactement ce qu’on lui demande.
Ascension fulgurante ou engrenage mortel ?
De Paris à Dubaï, un suspense implacable dans l’univers des influenceurs, ses illusions et ses ténèbres. Après les dérives de la télé-réalité dans L’OEil de Caine, prix Polar du Livre de Poche, Patrick Bauwen révèle crument l’envers du décor des réseaux sociaux. Une plongée au coeur de la manipulation.
Extrait
Le coup la percute entre les omoplates.
Vicky Vonn est projetée en avant.
Quand la jeune femme bascule par-dessus la rambarde du balcon et tombe du onzième étage, sa première réaction est l’incrédulité.
Dans son cerveau, voici ce que ça donne.
La vue depuis le building est formidable. Le ciel est d’un bleu éclatant, le vent souffle à peine, il fait vingt-six degrés, la ville s’étend à ses pieds, et on voit bien Miami Beach, au nord, où elle a rendez-vous tout à l’heure pour un shooting collab avec une grande marque de lunettes de soleil, elle doit faire des photos dans l’ancienne maison de Gianni Versace, le couturier assassiné, on a transformé l’endroit en restaurant mais la décoration rococo est toujours présente, parfaite pour les photos, après quoi Vicky doit dîner sur Ocean Drive, puis se montrer au LIV, club incontournable, où de nouveaux clichés seront pris dans le carré VIP, genre publication spontanée sur Insta, alors que tout cela est soigneusement travaillé, bien entendu, elle ne va pas réellement enchaîner les margaritas, sinon elle serait vite saoule, elle fait juste semblant de s’amuser, c’est le prix à payer, elle n’est pas là pour s’offrir du bon temps, même si ses publications doivent en donner l’illusion, son planning de travail est booké heure par heure, c’est un voyage où elle profite seulement de la vue, a-t-elle l’habitude de dire, comme maintenant, alors qu’elle regarde le quai de Bayfront en bas, avec ses jolis bateaux blancs, où elle va s’écraser dans 2,2 secondes.
Quel dommage de mourir aujourd’hui.
L’incrédulité cède la place à la peur. C’est incroyable comme le temps ralentit quand vous tombez. On ne voit pas toute sa vie défiler. C’est des conneries. Vous savez ce qu’on fait ? On négocie. On prie pour repousser le pire. C’est stupide, parce que Vicky va mourir, elle le sait bien. Elle n’a pas de notion précise d’architecture mais elle estime la hauteur de sa chute à vingt-cinq ou trente mètres. Il existe des cas de personnes ayant chuté d’une très grande hauteur et qui ne sont pas mortes. Vesna Vulovic, par exemple, est une hôtesse de l’air qui est tombée de dix mille mètres en 1972 et elle n’est pas morte. Alors peut-être que Vicky ne va pas mourir. Elle prie pour ne pas mourir. Elle est athée. C’est peut-être un peu tard pour se convertir ?
Elle passe devant la façade rosée de l’hôtel InterContinental, avec ses fenêtres étroites et rectangulaires. Au-delà, on aperçoit le pont aérien du Metromover où une cabine avance tranquillement sur son monorail en reflétant le soleil tel un dauphin d’argent glissant sous la surface. On entend des cris de mouettes. C’est très paisible.
La réaction suivante de Vicky, dans cet espace distendu qu’est devenu son cerveau, est la colère. La rage, même. Car elle n’est pas tombée du balcon par imprudence. Elle n’a pas commis l’erreur stupide de se prendre en photo trop près du bord, ces selfies débiles entraînent à l’heure actuelle une mort par semaine dans le monde, trois cent soixante-dix-neuf depuis 2008, chiffre officiel, elle l’a vu dans un reportage.
Non, dans le cas de Vicky, il ne s’agit pas d’un accident.
C’est un meurtre.
Avis
Patrick Bauwen fait partie de ses auteurs que je qualifierais d’amateur. Non pas qu’il n’a rien de professionnel dans son écriture, mais parce qu’il fait partie de ses auteurs qui ont un autre métier, urgentiste de son état. Aussi n’a-t-il pas la régularité métronomique des auteurs professionnels, faisant que parfois il faille attendre plusieurs années entre deux productions. Mais la contrepartie avec Patrick Bauwen, c’est que l’on est très rarement déçu.
Cet auteur va dans un univers qui n’a guère été exploré par ces confrères : celui des influenceurs et des réseaux sociaux. J’ai particulièrement apprécié ce dépaysement car il n’est pas fait pour coller à une certaine mode mais surtout parce qu’il aborde son côté obscure, sa machinerie et le business interne en plus de celui véhiculé par les posts de ces dits influenceurs.
Qui plus est, une véritable histoire policière vient se greffer, pleine d’actions et de rebondissement, mêlant des caractères forts mais un peu caricaturaux. On pourrait seulement reprocher à l’auteur de ne pas laisser suffisamment d’alternatives au lecteur pour ne pas subodorer le twist final.
Un très bon moment de lecture.
Notation
| Histoire |  |
| Personnages | |
| Rythme | |
| Énigme | |
| Écriture | |
| Durée de lecture | |
| Prix |  |
Caractéristiques :
- Livre
- Broché : 336 pages
- Éditeur : Albin Michel (28 février 2024)
- Langue : Français
- ISBN-10 : 2226470468
- ISBN-13 : 978-2226470461
- Prix : 21,90€
- Ebook
- Éditeur : Albin Michel (1 mars 2024)
- Langue : Français
- Taille du fichier : 1455 KB
- EAN : 9782226492753
- Prix : 14,99€
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