Antoine Renand – L’empathie

Vous ne dormirez plus jamais la fenêtre ouverte.

 » Il resta plus d’une heure debout, immobile, face au lit du couple. Il toisait la jeune femme qui dormait nue, sa hanche découverte. Puis il examina l’homme à ses côtés. Sa grande idée lui vint ici, comme une évidence ; comme les pièces d’un puzzle qu’il avait sous les yeux depuis des années et qu’il parvenait enfin à assembler. On en parlerait. Une apothéose. « 

Cet homme, c’est Alpha. Un bloc de haine incandescent qui peu à peu découvre le sens de sa vie : violer et torturer, selon un mode opératoire inédit.

Face à lui, Anthony Rauch et Marion Mesny, capitaines au sein du 2e district de police judiciaire, la  » brigade du viol « .

Dans un Paris transformé en terrain de chasse, ces trois guerriers détruits par leur passé se guettent et se poursuivent. Aucun ne sortira vraiment vainqueur, car pour gagner il faudrait rouvrir ses plaies et livrer ses secrets. Un premier roman qui vous laissera hagard et sans voix par sa puissance et son humanité.

Extrait

Il avait commencé par s’introduire dans des maisons. Pas pour voler. Non qu’il fût opposé à cette idée, car il n’hésitait jamais à dérober un objet de valeur ou qu’il trouvait à son goût si une opportunité se présentait. Mais à cette époque il gagnait relativement bien sa vie, la navigation lui offrant un revenu suffisant au vu de ses très modestes besoins.

D’autres raisons l’avaient poussé à pénétrer dans ces foyers. L’oisiveté, principalement. Le navire sur lequel il devait embarquer pour le Brésil était coincé au port de Plymouth pendant huit jours, pour un problème de logistique. Il aurait pu partir sur un autre cargo, mais il avait préféré attendre.

La nuit tombait très tôt en ce mois de janvier. Dans les quartiers éloignés du centre, les maisons étaient mitoyennes et d’une architecture presque identique. Nombre de femmes y vivaient seules avec leurs enfants la majeure partie de l’année, pendant que leurs hommes étaient en mer. Alpha pouvait observer ces mères de famille depuis certaines rues, à travers leurs fenêtres. Distinguer leurs silhouettes qui s’animaient dans les foyers éclairés. L’une d’entre elles avait éveillé son intérêt : une jolie brune, mère de trois enfants, qui paraissait encadrer ses petits hommes d’une main de maître. Avec une énergie teintée de bonne humeur, elle virevoltait chez elle, accordant son attention à chacun de ses fils et s’acquittant de ses diverses tâches. Discrètement posté dans la rue à la nuit tombée, Alpha voyait la jeune maman s’activer sans relâche, aidant ses garçons pour les devoirs et faisant des allers-retours constants vers la cuisine pour préparer le repas.

Il l’avait observée deux soirs de suite. La première fois, Alpha avait remarqué un long moment où elle avait disparu à l’étage avec ses fils, pour les assister dans leur toilette, les coucher et certainement leur raconter une histoire. Pendant tout cet intermède – qui avait duré vingt-cinq minutes –, le rez-de-chaussée était resté désert et dans une relative obscurité. Ensuite, la mère de famille était redescendue seule, et s’était allongée dans le canapé devant la télévision.

Alpha était revenu le lendemain, et le même manège s’était produit : tous, à la même heure, avaient disparu en haut. Alors Alpha avait enjambé la petite grille, gagné la porte non verrouillée, puis refermé silencieusement derrière lui.

Avis

Je ne sais que penser de ce premier livre d’Antoine Renand.

Dans un premier temps, j’ai été happé par l’histoire, de cet homme lézar qui, pour commettre ses méfaits, entre chez ses victimes en grimpant le long des parois des maisons et forçant les fenêtres si besoin.

Qui plus est, bien qu’il laisse derrière lui de nombreux indices qui devraient permettre de l’identifier, il est inconnu des fichiers. L’enquête semble complexe et longue.

Malheureusement pour moi qui ne suis pas très adepte des thrillers psychologiques, le roman tombe très rapidement dans l’analyse psychologique des violeurs. Et un peu comme un avocat qui défend un e personne ayant commis les pires atrocités, cette partie est plutôt dérangeante. Même s’il est prouvé scientifiquement que des circonstances vécues durant l’enfance influent sur le comportement adulte,  on en sait pas comment prendre cette partie du roman : n’est-on pas devant une excuse « scientifique » faisant fit du libre arbitre ?

Cela est d’autant plus dérangeant avec la description très détaillée et à répétition des violences infligées. Au final, on éprouve un certain malaise à lire L’empathie et une sensation de voyeurisme de ces situations dramatiques.

Sinon le style d’Antoine Renand est déjà bien maîtrisé et tient en haleine le lecteur malgré quelques erreurs de débutant comme des personnes un peu cliché, quelques répétitions et une fin en queue de poisson.

Un auteur à confirmer à la lecture de son prochain roman.

Notation

Histoire
Personnages
Rythme
Énigme
Écriture
Durée de lecture
Prix

Caractéristiques :

Livre

  • Broché
    • Broché ‏ : ‎ 464 pages
    • Éditeur ‏ : ‎ Robert Laffont (17 janvier 2019)
    • Langue ‏ : ‎ Français
    • ISBN-10 ‏ : ‎ 2221238885
    • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2221238882
    • Prix : 20,00€
  • Livre de poche
    • Poche ‏ : ‎ 496 pages
    • Éditeur ‏ : ‎ Pocket (13 février 2020)
    • Langue ‏ : ‎ Français
    • ISBN-10 ‏ : ‎ 2266297384
    • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2266297387
    • Prix : 8,60€
  • eBook
    • Taille du fichier ‏ : ‎ 1077 ko
    • Éditeur ‏ : ‎ Robert Laffont (17 janvier 2019)
    • Langue ‏ : ‎ Français
    • EAN : 9782221240595
    • Prix : 9,99€
  • Livre Audio
    • Durée : 11h12
    • Éditeur ‏ : ‎ Lizzie (7 février 2019)
    • Langue ‏ : ‎ Français
    • EAN : 979-1036602962
    • Prix : 20,99€

Revue de presse

« Une pépite servie par une écriture minutieusement construite et très rythmée. », Sandrine Bajos Le Parisien

« Coup d’essai, coup de maître. », Josette Besset Le Progrès

Son interview aux Quais du Polar 2019

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