Derek Van Arman – Il

Présenté comme un des meilleurs romans policier puisqu’écrit par un ancien agent du FBI, il est annoncé comme plus proche de la réalité et révélateur du travail des enquêteurs mais également de la psychologie des tueurs en série.

Je traîne ce roman depuis longtemps dans ma PAL, en fait depuis sa sortie en grand format. Aussi il était temps que je le lise.

Alors est-ce qu’Il a eu le temps de se bonifier comme un roman dans une bonne cave ?

Résumé du livre

Les très grands romans de serial killer se comptent sur les doigts d’une main : Le Dahlia noir de James Ellroy, Le Silence des agneaux, de Thomas Harris, Le Poète, de Michael Connelly. Après Au-delà du mal, de Shane Stevens, nous sommes heureux de vous proposer un nouveau sommet du genre, Il de Derek Van Arman.

 » La plupart des tueurs en série n’ont rien à voir avec les mythes qu’ils ont engendrés. Ils ne vivent pas isolés, au milieu des bois ou au fin fond d’un asile. Ce sont vos voisins. Ils prennent le bus avec vous. Vos enfants jouent avec les leurs. Il arrive même parfois qu’ils soient assis près de vous lors des réunions de famille.  » Ainsi parle Jack Scott, directeur de l’agence fédérale en charge des crimes violents et spécialiste des serial killers. Lorsqu’une mère et ses deux filles sont sauvagement assassinées dans une mise en scène macabre, c’est le début d’une chasse à l’homme impitoyable. Jack, qui pensait avoir tout enduré devra affronter son passé pour mettre la main sur un tueur atypique, aussi pervers que machiavélique.

Roman choral, baroque, d’une ampleur peu commune, Il marque d’une pierre noire l’histoire du roman de serial killer. Cette descente vers le mal, angoissante et crépusculaire, au suspens implacable, outrepasse toutes les limites du genre, et nous donne un aperçu d’un réalisme rare sur les méthodes d’investigation les moins bien connues de la police américaine. À tel point que l’auteur a été mis en examen par le FBI afin qu’il livre les sources lui ayant permis d’être aussi proche de la réalité. Problèmes judiciaires qui expliquent pourquoi ce livre, paru aux États-Unis en 1992, et immédiatement devenu culte, est resté inédit en France jusqu’à ce jour.

Derek Van Arman est un pseudonyme. Il est son seul roman.

Extrait

Lieux secrets

Le gosse monté sur son Schwinn rouge fonçait juste devant le chien à trois pattes, dévalant une colline sombre et boisée avant de remonter dans la lumière du soleil. Leurs ombres rivales glissaient au-dessus de cette rue résidentielle comme deux cerfs-volants insolites, progressant lentement sur les arbres et puis plus vite le long du trottoir.
Juste après le grand carrefour de Ridgefield Drive et River Road, Elmer Winfield Janson se dressa debout sur ses pédales, émit un bref sifflement et s’éleva d’une détente puissante, grimpant à toute blinde sur un trottoir et une bande de gazon, avant de foncer à travers une haie. Il déboucha sur un parking désert où il pencha son vélo pour enchaîner des ronds paresseux, braquant ses pneus sur les mauvaises herbes, ces petits êtres verts proliférant qui, s’imaginait-il, lançaient leur invasion généralisée depuis leur repaire sous la terre.
Le bitume était fissuré d’herbes folles qui pointaient en tous sens, cibles faciles pour les profondes dents de caoutchouc du vélo tout-terrain. Pour la première fois de la journée, il se sentait libre. D’un coup de guidon, il décrivit des courbes de plus en plus larges jusqu’à ce que ses roues fassent gicler des mottes de terre, à mesure que la vitesse croissait. Les cercles se resserraient. Pneus et herbes folles, herbes folles et pneus, le chien à la poursuite du garçon, le garçon à la poursuite du chien, ils accéléraient l’allure, comme une toupie géante ; ça tournait, tournait de plus en plus vite, jusqu’à ce que l’univers tourbillonne et se brouille et qu’un bourdonnement batte entre les tempes d’Elmer.
– Ouah ! (Le garçon souffla, freina à fond et descendit de vélo, pris de vertige.) Écrabouiller les envahisseurs, y a rien de plus génial !
Planté sur une langue de terre d’un vert intense, il sourit fièrement.
Dans la lumière de plus en plus grise, ses fins cheveux roussâtres prenaient une teinte saumon fumé assortie à son masque de taches de rousseur, un peu plus fourni autour de l’arête du nez. Ses yeux étaient d’un vert pétillant, à peine plus foncé que de la menthe, et donnaient toujours l’impression de fixer un point très loin, quelque part au fond de lui-même. Dressé du haut de son mètre trente, il pouvait caresser l’épaisse fourrure du chien sans avoir à se pencher.
Elmer Janson était petit pour son âge, il le savait, et sa tignasse rouquine, avec ses taches de rousseur, lui donnait plutôt sept ans; or, il en avait dix et neuf mois. Il retenait ce genre de détail, tout comme il connaissait ou croyait connaître le moindre centimètre carré de ce parking sur lequel il avait ses habitudes. L’air était chargé de cette sorte de brume épaisse qui dépose partout un givre cireux quand il gèle et le garçon sentit cette froideur mouillée sur la toison pelucheuse du chien. «Allez, Tripode», souffla-t-il et, jetant par-dessus son épaule un dernier regard furtif dans le pâle soleil de l’après-midi, il se dirigea vers l’édifice condamné, au fond du parking.

Avis

Il est une très grosse déception.

Si le début de ce roman est intéressant en abordant la psychologie des tueurs en série, d’aborder un aspect théorique et professionnel tel qu’abordé par le FBI. De plus,  l’histoire débute bien avec un meurtrier qui connaît ses victimes sur le bout des doigts et sait passer ses forfaits inaperçus.

Mais une fois dépassé les cent premières pages, on s’embête à lire ce livre (et j’emploie une formule polie). S’ensuivent de nombreuses, très nombreuses répétitions, des descriptions des éléments de la vie courante sans aucun intérêt, et une flopée de personnages dans laquelle on se noie. Qui plus est, un des gros défauts de Derek Van Arman est de ne pas explicitement indiqué de quel personnage il parle , le lecteur flotte alors pendant quelques instants dans l’incertitude à chercher de qui il s’agit.

L’histoire s’enlise dans une enquête dans une enquête poussive sans grande originalité…. et arrivé à mi-livre, je cède en le refermant définitivement.

Au final, si le travail des enquêteurs du FBI est plus fidèle à la réalité dans ce livre, on préfère les romans qui prennent des libertés sur cette véracité.

Notation

Histoire
Ecriture
Durée de lecture
Prix

Caractéristiques :

  • Livre
    • Broché : 608 pages
    • Editeur : Sonatine (7 février 2013)
    • Langue : Français
    • ISBN-10 : 235584061X
    • ISBN-13 : 978-2355840616
    • Prix : 23,00€
  • Livre poche
    • Poche : 960 pages
    • Editeur : Pocket (13 février 2014)
    • Collection : Thriller
    • Langue : Français
    • ISBN-10 : 2266216716
    • ISBN-13 : 978-2266216715
    • Prix : 9,50€
  • eBook
    • Taille du fichier : 1061 ko
    • Editeur : Sonatine (7 février 2013)
    • EAN : 978-2355841743
    • Prix : 9,99€

Revue de presse

 » Effrayant, magistral, totalement enthousiasmant !  » The Washington Post

Interview de l’auteur par L’Express

« Tout est « trop » dans IL« , Marriane, Alain Léauthier

« L’auteur excelle dans le réalisme des méthodes d’analyse de scènes de crime, malgré leurs vingt ans d’âge. Dommage … » , Le Point, Julie Malaure

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