« Il y a des affaires qui te pourrissent la vie… Elles restent en toi, plantées dans ton coeur comme un clou qu’un mauvais plaisant s’amuserait à manipuler.«
Miné par ses excès et la maladie, le commandant Revel crache le sang et sa haine de l’hypocrisie. Bourru, taiseux et rogue, il enrage devant les affaires non résolues à la Police judiciaire de Versailles.
À la découverte du cadavre d’une idole vieillissante du show-business s’ajoute une énigme vieille de dix ans qui tourmente Revel : le double crime jamais élucidé des tenanciers d’un bar, qui coïncide avec la disparition de sa femme.
Et si la vérité pouvait sortir de la bouche d’un enfant autiste, témoin malgré lui de la brutalité des hommes ?
Quand le commandant de police Maxime Revel poussa la porte de son bureau, il vit qu’une partie de son équipe s’était installée tant bien que mal dans l’espace réduit qui peinait déjà, en temps normal, à contenir tout son fourbi de chef de groupe.
– Où on en est ? s’enquit-il en jetant sa sacoche de cuir sur son bureau.
– Bonsoir, commandant ! répliqua Sonia Breton – lieutenant de police et benjamine de l’équipe – en appuyant sur les mots.
– Salut, Maxime ! saluèrent en chœur les deux autres.
Revel leur jeta un coup d’œil rapide en se fendant d’un bref coup de menton à la cantonade.
Étaient présents Renaud Lazare et Abdel Mimouni, tous deux capitaines, même petite quarantaine, mais radicalement différents. Lazare, plus blanc qu’une endive et, comme elle, poussé dans les frimas du Nord, avait passé à Lille les dix premières années de sa vie professionnelle avant de demander sa mutation à Versailles pour suivre une grande perche rousse, inspecteur des impôts, dont il était tombé amoureux. Certains jours, il regrettait son choix, à cause de sa région d’origine qui lui manquait et de l’amour qui finit toujours par passer. Mimouni n’avait pas ces états d’âme, l’amour étant un sujet qu’il avait depuis longtemps évacué en ne s’attachant à personne. Comme un papillon, il se posait sans s’attarder, sur toutes les fleurs qui voulaient bien se laisser butiner. Avec son physique exceptionnel, les candidates ne manquaient pas. Renaud Lazare ne pouvait pas en dire autant avec sa peau blanche, son crâne d’œuf, sa taille moyenne et un petit “durillon de comptoir” que ses collègues avaient appelé ses “abdos Kronenbourg”.
Le commandant se laissa choir dans son fauteuil en grommelant quelques mots inintelligibles. Tous savaient interpréter ce ton rogue qui masquait de l’amitié et du respect. Il n’avait pas toujours été aussi rugueux, et tous ici savaient à quel moment son caractère avait viré. Sauf peut-être Sonia Breton qui était là depuis peu, et n’avait pas encore tout capté de cet homme plus fermé qu’une huître. Elle prit la parole :
– Glacier est parti avec le Proc rejoindre les gendarmes qui ont commencé l’affaire en flag. Mais le patron a demandé que nous soyons saisis rapidement à cause de la personnalité de la victime…
– Ouais, je suis au courant… Pourquoi il n’est pas allé lui-même là-bas, le patron ?
Ses deux adjoints ne parurent pas tenir compte de l’humeur de chien de Revel, façon de montrer qu’ils y étaient habitués et n’y attachaient plus d’importance.
– Il va coucher là-bas, Glacier ? demanda Revel, décidément de mauvais poil, en levant le nez vers la pendule publicitaire accrochée au-dessus de la porte.
Tandis qu’il revenait de Rambouillet, l’État-major de la Direction régionale de la police judiciaire l’avait contacté dans la voiture. Un vieux chanteur, autrefois coqueluche de toute une génération de rockers, aujourd’hui sur le déclin, avait été retrouvé par son jardinier, mort à son domicile, à Méry, un village proche de Marly-le-Roi. La commune étant située en zone gendarmerie, les premiers actes de l’enquête avaient été effectués par les militaires. Il leur était vite apparu que les traces que le défunt rocker portait au cou et les hématomes qui pullulaient sur son corps n’étaient pas dus à une intervention surnaturelle. Le substitut du procureur se trouvait sur place. Malgré l’insistance des gendarmes à conserver l’affaire, les “péjistes” ne doutaient pas que le magistrat allait leur confier l’enquête. Le commissaire divisionnaire Philippe Gaillard, chef de la division des affaires criminelles de la PJ de Versailles, avait beaucoup insisté dans ce sens.
– Comme si on n’avait déjà pas assez de taf ! avait marmonné Revel, que le chef de la brigade criminelle avait appelé à son tour sur la route, suivant une sorte de défilé hiérarchique immuable.
Le commissaire Romain Bardet ne s’était pas laissé impressionner :
– De toute façon, à cause de la personnalité de la victime, les médias vont être sur le coup dès ce soir, et ça va être un déchaînement. Il est préférable de prendre les devants plutôt que d’arriver après la bataille, quand les pandores auront bien pataugé partout… Vous êtes encore loin ?
Le commandant Revel avait eu envie de répondre qu’on pouvait faire appel à d’autres groupes à la Crim. Romain Bardet lui aurait répondu que la moitié du service était en vacances. « Ça tombe mal ! », aurait grogné Revel qui avait prévu de rentrer directement chez lui. Il avait pu enfin joindre sa fille qui était revenue à la maison, et il lui avait proposé de dîner avec elle, en tête à tête. Elle avait dit « Oui, si tu veux, je m’occupe de tout » sur un ton peu enthousiaste, mais elle était d’accord, c’était mieux que rien.
Le coup de fil du lieutenant Antoine Glacier les invitant à le rejoindre à Méry, mit un terme définitif à ce projet.
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Caractéristiques :
- Poche
- Poche : 352 pages
- Éditeur : J’ai lu (14 mars 2018)
- Langue : Français
- ISBN-10 : 2290159220
- ISBN-13 : 978-2290159224
- Prix : 7,20€
- eBook
- Taille du fichier : 1085 ko
- Éditeur : Fayard (21 novembre 2012)
- Langue : Français
- EAN : 978-2213672694
- Prix : 6,99€
- Livre audio
- Durée : 9h10
- Editeur : Audible Studios (25 juin 2015)
- ASIN : B01CUUR6C2
- Prix : 19,95€
Revue de presse