Michel Bussi – Nymphéas Noirs

michel bussi - nympheas noirsS’il est bien un auteur français dont on parle beaucoup ces derniers temps, en dehors du Prix Nobel de Littérature 2014, Patrick Modiano, c’est bien de  Michel Bussi, un des dix meilleurs vendeurs pour 2013, avec un rythme de 3 à 4 livres par an.

Mais on entend de tout sur Michel Bussi, mais pas uniquement en bien. Ainsi reviennent souvent les critiques comme quoi Michel Bussi est un auteur de gare au style pauvre, que ces romans sont de faux romans policier, tout juste bon pour une collection Harlequin déguisée pour femme boulimique littéraire.

Il était donc de notre devoir d’aller enquêter du coté de ce romancier normand pour notre faire une idée et de vous donner notre ressenti. Donnons toutes les chances à l’auteur en lisant ses Nymphéas Noirs qu’il présente comme son meilleur roman, celui pour lequel il a longtemps hésité à confier à un éditeur.

Alors  ses Nymphéas noirs valent-ils autant que les peintures qui l’ont inspiré ?

Résumé du livre

Une fillette de onze ans surdouée pour la peinture, une institutrice redoutablement séduisante et une vieille femme aux yeux de hibou qui sait et voit tout constituent le point de départ de l’intrigue. A Giverny, Jérôme Morval, chirurgien ophtalmologiste, enfant du pays, a été retrouvé assassiné près de la rivière de l’Epte. Pour Laurenç Salignac, fraîchement débarqué de l’école de police de Toulouse, le suspect est tout désigné : il s’agit de Jacques Dupain, mari de la belle institutrice, Stéphanie. Cette affaire ferait-elle écho avec l’assassinat du petit Albert Rosalba, retrouvé mort dans les mêmes circonstances en 1937 ? La vieille femme qui sait et voit tout, narratrice à ses heures, guide le lecteur dans ses déambulations à Giverny, et, à petites touches, se confie : elle seule détient la vérité. Mais quelle vérité ? Car dans le reflet d’une toile de maître d’exception, Les Nymphéas, passé et présent se confondent, meurtres et passions ressuscitent quand jeunesse et mort défient le temps…

Extrait

– PREMIER JOUR –
13 mai 2010
(Giverny)

Attroupement

L’eau claire de la rivière se colore de rose, par petits filets, comme l’éphémère teinte pastel d’un jet d’eau dans lequel on rince un pinceau.
– Non, Neptune !
Au fil du courant, la couleur se dilue, s’accroche au vert des herbes folles qui pendent des berges, à l’ocre des racines des peupliers, des saules. Un subtil dégradé délavé…
J’aime assez.
Sauf que le rouge ne vient pas d’une palette qu’un peintre aurait nettoyée dans la rivière, mais du crâne défoncé de Jérôme Morval. Salement défoncé, même. Le sang s’échappe d’une profonde entaille dans le haut de son crâne, nette, bien propre, lavée par le ru de l’Epte dans lequel sa tête est plongée.
Mon berger allemand s’approche, renifle. Je crie à nouveau, plus fermement cette fois :
– Non, Neptune ! Recule !
Je me doute qu’ils ne vont pas tarder à trouver le cadavre. Même s’il n’est que 6 heures du matin, un promeneur va sans doute passer, ou bien un peintre, un type qui fait son jogging, un ramasseur d’escargots… un passant, qui va tomber sur ce corps.
Je prends garde à ne pas m’avancer davantage. Je m’appuie sur ma canne. La terre devant moi est boueuse, il a beaucoup plu ces derniers jours, les bords du ru sont meubles. A quatre-vingt-quatre ans, je n’ai plus vraiment l’âge de jouer les naïades, même dans un ruisseau de rien du tout, de moins d’un mètre de large, dont la moitié du débit est détournée pour alimenter le bassin des jardins de Monet. D’ailleurs, il paraît que ce n’est plus le cas, qu’il existe un forage souterrain pour alimenter l’étang aux Nymphéas, maintenant.
– Allez, Neptune. On continue.
Je lève ma canne vers lui comme pour éviter qu’il ne colle sa truffe dans le trou béant de la veste grise de Jérôme Morval. La seconde plaie. Plein coeur.
– Bouge ! On ne va pas traîner là.
Je regarde une dernière fois le lavoir, juste en face, et je continue le long du chemin. Rien à dire, il est impeccablement entretenu. Les arbres les plus envahissants ont été sciés à la base. Les talus sont désherbés. Il faut dire, quelques milliers de touristes le fréquentent chaque jour, ce chemin. On y passerait une poussette, un handicapé en fauteuil, une vieille avec une canne. Moi !
– Allez, viens, Neptune.

Avis

Je ne répèterai jamais assez : la qualité d’un bon roman policier est de donner tous les éléments, tous les indices pour résoudre l’énigme, au lecteur, en même temps qu’aux personnages du roman. Sont donc proscrites les cachoteries, les inconnues, les solutions sorties du chapeau du magicien. Dans le cas présent, Michel Bussi nous fait une compilation de tout ce qu’il ne faut pas faire pour ne pas frustrer le lecteur. En effet, à l’issue de la lecture de ce livre, le lecteur ne pourra se dire : il m’a bien eu mais avais-je un moyen de ne pas tomber dans le panneau ?

La volonté de l’auteur de tromper son lecteur est à un point que même la mise en page du livre est faite pour induire le lecteur en erreur. Donc même avec un bonne volonté, le désir profond de résoudre l’énigme, le lecteur aura toujours un doute … jusqu’au 30 dernières pages où la supercherie est levée. Nous décernons donc un carton rouge à Michel Bussi comme auteur de roman policier.

Pour les critiques sur l’aspect « collection Harlequin maquillée », je ne peux que confirmer. Certes l’histoire n’est pas toute rose, mais certes passages relèvent bien des histoires d’amourettes impossibles, qui seraient certainement qualifiées de niaiseuses par notre ami francophone du Québec. L’avantage, c’est que ces passages sont parsemés tout au long du livre,mais bien isolés, ce qui fait que l’on peut facilement les sauter pour ne pas s’y éterniser.

Coté écriture, même si présenter Michel Bussi comme un auteur de gare est un peu méchant, on est loin des auteurs policiers confirmés, loin derrière les Franck Thilliez, Maxime Chattam ou DOA. Les yeux glissent littéralement sur les pages, et on a vite fait d’avaler les presque 500 pages. Mais l’auteur a souvent recours à une vrille littéraire qui m’insupporte : la phrase sans verbe. Et malheureusement pour moi, au plus fort de l’action, l’auteur a tendance à y recourir façon mitraillette.

S’il y a bien un point positif à ce livre est la présentation de Giverny, de l’impact de l’impressionnisme et de Claude Monet sur ce village, de l’amour ou du blasement de la population sur cette manne touristique. L’auteur nous confie anecdotes, détails et éduque de manière plaisante son lectorat sur ce domaine artistique.

Donc au final, une écriture moyenne, une énigme certes mais qui frustrera la plupart des lecteurs, des passages un peu cul-cul. Si c’est une habitude chez Michel Bussi, j’avoue que je ne sais pas si je reviendrais à ses œuvres.

Notation

Histoire
Ecriture
Durée de lecture
Prix

Caractéristiques

  • Livre
    • Poche: 486 pages
    • Editeur : Folio (21 janvier 2000)
    • Collection : Folio policier
    • Langue : Français
    • ISBN-10: 2070410269
    • ISBN-13: 978-2070410262
    • Prix : 21,50€
  • Livre poche
    • Poche: 493 pages
    • Editeur : POCKET; Édition : POCKET (5 septembre 2013)
    • Collection : Pocket
    • Langue : Français
    • ISBN-10: 2266222376
    • ISBN-13: 978-2266222372
    • Prix : 7,70€
  • eBook
    • Editeur : Presses de la Cité (21 janvier 2000)
    • Langue : Français
    • EAN: 9782258089617
    • Prix : 12,99€

Revue de presse

« Bussi, l’auteur fondu de Normandie, invite à aimer ce hameau-Disneyland où cohabitent roses trémières et parkings goudronnés. Mais au prétexte régionaliste et à l’anecdote d’histoire de l’art, il ajoute une intrigue savamment ficelée qui défie le temps et celui qui voudrait trouver l’astuce avant le dernier chapitre. » (Julie Malaure – Le Point du 20 janvier 2011) .

Prix littéraires

  • 2011, prix des lecteurs du festival Polar de Cognac
  • 2011, prix du polar méditerranéen (festival de Villeneuve-lez-Avignon)
  • 2011, prix Michel Lebrun de la 25e heure du Mans
  • 2011, Grand prix Gustave Flaubert de la Société des écrivains normands
  • 2011, prix des lecteurs du festival Sang d’Encre de la ville de Vienne (« gouttes de Sang d’encre »)
  • 2011, Finaliste du prix mystère de la critique (3e), du prix du polar francophone de Montigny-lès-Cormeilles (2ème), du prix marseillais du polar, du prix Polar de Cognac, du prix du roman populaire d’Elven, du prix Plume-Libre, du prix plume de Cristal du festival policier de Liège.

Site internet de l’auteur

www.michel-bussi.fr

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Et bien moi qui en ai deux dans la bibli… Hihi mais ça ne me décourage pas 😉 je le suis un peu une boulimique littéraire alors si il fait partie de ces lectures qui vident l’esprit, je dis pourquoi pas 😉

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  2. Laurent dit :

    Dans l’edition Pocket, page 403, il y a une petite erreur dans le récit. Elle a été reperée par d’autres lecteurs et lectrices. Ce n’est pas trés grave, mais ça à son importance vu le dénouement de l’histoire.

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    1. quoilire dit :

      Si vous pouviez m’en dire plus par mail (quoilire@yahoo.fr) sur cette erreur, ce serait gentil.

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