Céline Denjean – Précipice

 » Donner l’alerte, hurler de toutes ses forces ! On allait l’entendre… Mais le cri mourut dans sa bouche, un chaos d’idées se fracassa dans son esprit, une déferlante d’effroi.  »

Quel est le prix à payer pour dissimuler l’inavouable ?

Lorsque la vérité met vingt ans à remonter à la surface, le désir de vengeance n’en est que plus dévastateur…

Guidée par son instinct, Louise Caumont, de la brigade de recherches de Tarbes, se lance dans une course contre la mort : qui sera la prochaine cible et pourquoi ?

Extrait

– Madame, c’est le livreur ! reprit-il plus fort, mais sa voix trahissait sa fébrilité. Est-ce que tout va bien ?!

Depuis le seuil du salon, il tâtonna nerveusement à la recherche de l’interrupteur. Les plaintes reprirent, là, tout près, au milieu des ombres épaisses, et la chair de poule lui hérissa les avant-bras. Il trouva enfin l’interrupteur, et une lumière vive éclaira la pièce, révélant le décor habituel, à un élément près. Le cocker de Mme Ducuing gisait au sol, les pattes avant et arrière ainsi que le museau scotchés au ruban adhésif. Oh putain ! Le livreur balança la pizza sur la table pour attraper son portable. Au même moment, une série de bruits précipités et étouffés lui parvint du fond de la maison. L’ado hésita. Il n’était même pas sûr de connaître le numéro de la police. Le 17 ? Ou alors c’étaient les pompiers ? Gagné par la peur et l’urgence, il opta pour l’évidence. De ses deux pouces agiles, il envoya un texto à sa mère : « Urgent. Prb chez Ducuing. Appelle la police de suite ! » Il reporta ensuite son attention sur les traces de sang au sol. Elles conduisaient à un couloir – une bouche noire et inquiétante.

– Madame Ducuing ? Vous avez besoin d’aide ? cria-t-il en rassemblant tout son courage. Il y a du sang par terre… Vous allez bien ?

Derrière lui, le chien continuait de gémir en se tortillant au sol.

– Chuuut, le chien ! Chuuut, s’te plaît !

Mais le clébard poursuivait son raffut, masquant les bruits alentour. Anthony fit alors volte-face, attrapa avec précaution la boule de poils roux qui l’implorait du regard et la porta au fond de la cuisine attenante. Puis, la mort dans l’âme, il ferma la porte, se posta de nouveau à l’entrée du couloir et actionna l’interrupteur. Un long boyau desservait quatre portes, toutes fermées, avant de dessiner un angle droit d’où lui parvint un léger bruit de fond, semblable à celui d’un écoulement d’eau. Il y a quelqu’un, là-bas au bout.

– Madame Ducuing, vous m’entendez ?! cria-t-il, prêt à détaler à la moindre menace.

Pris d’une inspiration subite, il beugla :

– Je viens d’appeler la police ! La police va arriver, O.K. ?!

Quelques secondes plus tard, une porte claqua depuis la partie invisible du couloir.

– Madame Ducuing ?!

Pas de réponse… Mais le silence parfait fut bientôt rompu par les bruits caractéristiques de gonds qui grincent et de contrevents qu’on ouvre à la volée. Juste après, étouffés par l’épaisseur des murs, des crissements de pas sur des gravillons s’élevèrent. Quelqu’un était en train de s’enfuir. Celui qui avait attaché le chien ?… Alors, qu’en était-il de Mme Ducuing ? Pourquoi ne répondait-elle pas ?

Tous les sens aux aguets, l’adolescent se força à avancer jusqu’au T du couloir et coula un regard nerveux sur sa droite. Deux nouvelles portes se faisaient face, l’une fermée, l’autre entrouverte. Aucun mouvement, mais le son d’un robinet qui coule se précisa : il semblait provenir de derrière la porte entrebâillée. Une salle de bains, probablement… Il prit son courage à deux mains, se plaça près de l’ouverture et cria :

– Madame ! Est-ce que ça va ? Vous m’entendez ?

Bien sûr qu’elle t’entend, tu viens de brailler à réveiller un mort ! songea-t-il alors que sa peur augmentait parce que seul le silence lui répondait. Mû par l’instinct, Anthony poussa davantage la porte, suffisamment pour que son regard s’accrochât au reflet que lui renvoyait le grand miroir mural, au-dessus du lavabo. Il laissa alors échapper un glapissement de surprise, et son cœur cogna douloureusement. Puis l’urgence de la situation lui dicta sa conduite.

L’adolescent se précipita dans la salle de bains et referma immédiatement le robinet de la baignoire. Le niveau du bain rougi par du sang avait atteint la bouche de Mme Ducuing et flirtait avec ses narines. Sans son aide, elle allait se noyer !

Avis

Depuis la découverture de Céline Denjean au travers de son roman Le cheptel, je suis un fidèle lecteur et j’attends avec impatience toute nouvelle parution de cette auteure.

Malheureusement, bien qu’il soit d’un très bon niveau par rapport à nombreux romans que l’on peut trouver sur les étales des libraires, j’avoue avoir été un peu déçu par son dernier roman Précipice. Il est un niveau en dessous de ce à quoi l’auteure nous a habitué.

Son écriture est toujours aussi bonne, fluide malgré deux trois répétitions dans le récit; les personnages variés et intrigants, mais l’énigme manque de profondeur et de complexité pour satisfaire et occuper nos petites cellules grises d’amateurs de polar. Il manque surtout d’alternatives et de fausses pistes pour que le lecteur se perde dans son enquête.

En dehors de cela, Précicipe est un roman agréable à lire.

Notation

Histoire
Personnages
Rythme
Énigme
Écriture
Durée de lecture
Prix

Caractéristiques :

  • Livre
    • Broché ‏ : ‎ 496 pages
    • Éditeur ‏ : ‎ Michel Lafon (23 février 2023)
    • Langue ‏ : ‎ Français
    • ISBN-10 ‏ : ‎ 2749952379
    • ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2749952376
    • Prix : 20,95 €
  • eBook
    • Taille du fichier ‏ : ‎ 1564 ko
    • Éditeur ‏ : ‎ Michel Lafon (23 février 2023)
    • Langue ‏ : ‎ Français
    • EAN : 978-2749953953
    • Prix : 14,99€

 Revue de presse

 » L’intrigue est prenante et super bien ficelée, les personnages intéressants et l’écriture fluide« , Libération

Présentation du livre par l’auteure à la Librairie Mollat

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.